Login

Les quatre propositions de Lidl pour mieux rémunérer les agriculteurs

Michel Biero, le président de Lidl France, voudrait interdire les promotions sur le lait, la viande de porc et de boeuf, pour préserver la souveraineté alimentaire de la France.

Michel Biero, le président de Lidl France, était auditionné par la commission d’enquête ouverte par l’Assemblée nationale sur la perte de souveraineté alimentaire de la France.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Notre groupe a mis en place des mesures significatives visant à protéger et renforcer cette souveraineté », assure Michel Biero, président de Lidl France. Ce dernier, auditionné le 7 mai 2024 par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la perte de souveraineté alimentaire de la France, met en garde : « Des défis subsistent et leur résolution requiert une action collective et coordonnée de la part de l’ensemble des acteurs de la société. »

Il a mis en avant trois mécanismes qui pourraient, selon lui, permettre de préserver la souveraineté alimentaire de la France en rémunérant mieux les agriculteurs français.

Mettre en avant l’origine France

« La politique [de Lidl] est simple, elle est vraiment très pragmatique. Chaque fois que je peux, je veux du Français dans mes rayons et c’est ce qu’on arrive à faire aujourd’hui », assure Michel Biero. Dans les 1 600 magasins Lidl de France, 100 % des pommes vendues sur l’année sont françaises, ainsi que 100 % de la viande de bœuf et de porc et 75 % de la volaille, car on ne produit « pas assez de volaille française », explique le président de l’enseigne en France. « Sur la viande [de bœuf et de porc] aujourd’hui ça va, mais je ne suis pas sûr que ça va durer en viande bovine. Il y a une décapitalisation qui est dramatique. »

Sur les tomates, Michel Biero explique prendre l’engagement chaque année de ne commercialiser que des tomates françaises « tout l’été » à une exception près, la tomate cerise. Avec ses concurrents qui vendent de la tomate cerise marocaine à 99 centimes, « ce n’est pas possible » de ne vendre que des françaises, explique-t-il. Lidl doit s’aligner pour ne pas perdre de parts de marché.

Michel Biero s’est félicité de l’initiative du gouvernement « Origine-info », mais estime que tant que cela ne sera pas inscrit dans la loi et pour ainsi dire obligatoire pour les distributeurs, cela ne fonctionnera pas. Tout comme pour la mise en place des fameux contrats tripartites qui sont portés par l’enseigne depuis plusieurs années.

Des contrats tripartites

Lidl signe des contrats tripartites pour une partie de la viande de porc et de bœuf que l’enseigne commercialise et pour une partie du lait. C’est un type de contrat que Michel Biero suggère d’inscrire dans la loi à titre expérimental en obligeant distributeurs et industriels à réaliser 50, 60 ou 70 % de leurs volumes en contrats tripartites. Cette mesure pourrait s’inscrire dans le cadre d’une quatrième loi Egalim, promise par le Premier ministre, Gabriel Attal.

C’est une recommandation qu’il avait déjà faite en 2018 lors des débats d’Egalim 1. Michel Biero insiste sur le fait que c’est possible, puisque Lidl le fait, que ce sont des contrats « très simple », mais qu’il faut la volonté de le faire et c’est ce qui fait défaut aux industriels.

« Aujourd’hui, cela ne représente que 20 % de ma viande et 25 % de mon lait. Ppourquoi ? C’est ici que j’ai besoin du législateur parce que quand l’industriel rentre dans une démarche tripartite, il devient transparent, il devient prestataire de services et ça l’embête. Donc, il faut m’aider à ce qu’il y en ait plus qui rentrent dans les démarches tripartites. » Pour le président de Lidl France, il faut donner un coup de pouce et légiférer car « il n’y a pas de volonté collective ».

Prix minimal et fin des promotions

Michel Biero argumente également pour inscrire dans la loi un prix minimal de vente, ou prix de référence basé sur les indicateurs de coût de production des interprofessions, pour certains produits. Une autre proposition qu’il avait déjà faite en 2018.

Il recommande aussi d’interdire les promotions sur le lait, le porc et le bœuf. « Pourquoi fait-on des promotions sur ces produits ? […] Si on veut préserver la souveraineté alimentaire française, cela passera par là. […] On ne peut pas continuer à tuer de la valeur en faisant de la promo complètement ahurissante sur des produits où derrière il y a un éleveur qui doit vivre, ce n’est pas possible », déplore-t-il.

Réformer la LME

Mais en premier lieu, Michel Biero fustige l’immobilisme de Bercy concernant la loi de modernisation de l’économie de 2008 (LME). « On pourra faire autant d’Egalim que l’on veut, tant que le gouvernement ne veut pas toucher à la loi de modernisation de l’économie, un Egalim 25 ne fonctionnera pas, je l’ai dit en 2018 et je le redis en 2024 », lance le président de Lidl.

Il estime que Egalim et la LME « sont deux lois antinomiques qui s’opposent qui ne peuvent pas coexister » car la LME a instauré la construction du prix en marche en arrière. Les négociations partent du « tarif général » sur lequel on applique des ristournes.

Il n’y a pas de transparence sur le prix des produits, regrette Michel Biero. « Plus personne ne connaît le vrai prix des produits et on se retrouve avec des marques nationales en France, qui représentent 70 % de l’agroalimentaire, qui sont en moyenne entre 15 et 25 % plus chères qu’en Italie, Espagne, Allemagne pour les mêmes marques. Mais ce n’est pas grave le consommateur a bon dos. La LME c’est l’opacité et Egalim c’est la transparence. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement